La crainte de Dieu est une expression dans la Bible aussi fréquente que source de malentendus.
Certains – qui craignent en effet un peu – se figurent un Dieu surveillant général ou gendarme. Leur livre de foi est une sorte de code de la route qui confine à un code pénal où griller le feu rouge allume la géhenne. Une variante est la version big boss à obéissance requise le doigt sur la couture pour éviter le mauvais œil. D’autres, à la confluence de Noël et du Père, s’imaginent un Dieu Père Noël d’autant mieux disposé à leur égard qu’ils ont été bien sages, au point de se demander parfois s’ils ne préfèrent pas la robe au marié. Il en est enfin qui craignent Dieu comme on craint l’inconnu, peur infondée mais compréhensible.
On pourrait appréhender la crainte de Dieu au sens actif d’un Père qui craint pour ses enfants, interprétation d’autant plus avérée qu’il n’est qu’une seule crainte possible – qui nous effleure assez peu – devant son infinie tendresse : celle de la blesser.