allusion

Nos brouhahas* de paroles et d’agitations, en tous genres nos étalages, barbouillent tout. Ce que l’on a sous les yeux devient alors la chose la plus difficile à voir.

De même que l’on fixe un bateau à quai, de même faut-il fixer un regard pour qu’une certaine qualité de la chose regardée ne nous échappe pas. C’est ce que nous faisons par exemple quand nous contemplons une œuvre d’art. Nous voici absorbés, intérieurement s’installe un silence qui nous isole des bruits extérieurs, et cette qualité de silence donne à voir : plus finement des détails, clairement des intentions, en sorte que la chose contemplée s’avère porteuse d’informations. Il en résulte non seulement un émerveillement mais une gratitude, parce que cette perception nous enrichit. Un moment de grâce.

La beauté du monde, à bien y regarder, est pure allusion.

* Les mots sont un délice ! Brouhaha s’avère être une altération de l’hébreu, barukh habba : « béni soit celui qui vient. »

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