zèle

« Il me semble que dans la mesure où le romancier dépasserait les apparences et saurait atteindre profondément l’homme intérieur, bien loin d’éviter de peindre la nature déchue, il toucherait là une région peu connue de notre misère. Ce serait l’histoire des passions qui se masquent pour que l’homme, épris de sa propre perfection, ne les reconnaisse pas. La seule luxure, incapable de déguisement, serait par lui dominée et vaincue. Mais des autres péchés capitaux, et surtout de l’orgueil, il ne reconnaîtrait jamais le visage, parce qu’ils auraient su revêtir un aspect édifiant, et rivaliseraient d’ardeur et de zèle jusqu’à ce que leur victime se considère comme un Dieu. Peut-être, le véritable saint est-il un homme qui ne s’arrête pas de démasquer en lui et d’authentifier à chaque instant toutes ces passions à la face voilée. D’où cette humilité qui nous étonne, ces abîmes d’humilité chez des êtres déjà dans le ciel. Mais eux, ils voient ce que nous ne voyons pas, ils savent que durant toute leur vie ils n’ont cessé d’arracher leur couteau et leur masque aux vices qui se déguisent en vertus. » François MAURIAC

Le zèle du Progrès au nom toujours d’un soi-disant Bien mais zèle aveuglé aux Lumières d’un Homme ex nihilo Dieu de lui-même.

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