geste

Le Big Bang porte l’univers en une tête d’épingle, l’Incarnation l’océan dans une goutte d’eau, une maman la vie en un fœtus de paille. Ainsi, à l’image de Dieu, le plus minuscule geste de charité : l’infiniment grand dans l’infiniment petit.

sel

L’Évangile est sel bien plus que miel, le sel qui rend de nos hivers la route praticable.

Car « ce sont les violents qui s’emparent du royaume de Dieu », parole du Christ en apparence déroutante, tant il nous enjoint par ailleurs de tendre, doux comme la colombe, l’autre joue. Il n’est bien évidemment pas question de violence physique, pas plus que verbale. C’est seulement que la douceur n’est aucunement la mollesse et que la bienveillance ne saurait consister en un regard détourné. Bernanos, l’inépuisable, disait que « s’aveugler sur le prochain sous prétexte de charité n’est souvent rien d’autre que briser le miroir pour ne pas se voir dedans. » Il s’agit dès lors de ne faire violence qu’à nous-mêmes, à l’encontre de notre propre nature. Celle du sel est parfois dans le confort de la salière, ce que Jorge Mario Cardinal Bergoglio nouvellement pape François appelle l’Eglise autoréférentielle, où le Christ frappe à la porte, mais pour qu’on le laisse sortir. Et comment peut-il sortir si le sel n’est pas celui de la terre.

Inépuisable Bernanos, disais-je. « Or, notre pauvre monde ressemble au vieux père Job sur son fumier, plein de plaies et d’ulcères. Du sel sur une peau à vif, ça brûle. Mais ça empêche aussi de pourrir. »

promesse

« Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l’avez reçu, et vous le verrez s’accomplir. »

Au-delà de ma pauvre expérience et son nombre de prières tombées à l’eau d’avoir si peu décollé, je tiens ces mots du Christ pour assurés.

« Tout ce que vous demanderez en priant » n’est pas « Tout ce que vous me prierez d’obtenir », autrement dit notre prière doit s’affiner, s’épurer, se tendre jusqu’à rejoindre celle du Christ lui-même au jardin des oliviers : « Non pas ce que je veux, Père, mais ce que toi tu veux. »

En second lieu, « croyez que vous l’avez reçu » est encore une manière qu’a la charité divine de nous rendre coauteur de l’accomplissement de notre prière. Dieu ne nous fait pas de haut en bas l’aumône ; la gloire de Dieu, c’est l’homme debout. Il faut croire d’abord !

Si nous parvenons à demander à Dieu ce qu’il veut nous donner tout comme un nourrisson réclame le sein de sa mère, nous verrons d’abondance s’accomplir une prière qui par avance est une promesse : « Je vous ferai monter vers une terre qui ruisselle de lait et de miel. »

lampe

L’Art de croire, d’André Frossard, Credo commenté en poésie d’amoureux et pure théologie, un ouvrage que l’athée dans sa tour d’ivoire qu’un rai de lumière forcément traverse, l’agnostique attentiste à l’exception de mille moins une priorités, le croyant parcimonieux de son trésor qui se dilapide de n’être disséminé, qu’en ses nuits tout homme en somme a pour livre, lampe, de chevet.

L'art de croire

… Et la vie du monde à venir

« Or s’il y a lieu de rendre à César ce qui porte son effigie et son nom, souvenons-nous que nous sommes nous-mêmes à l’image et à la ressemblance de Dieu !

Images et non simples reflets, notre original est donc ailleurs et nous portons en ce monde un nom qui ne suffit pas à nous nommer.

Qui veut sauver sa vie la perdra, et qui la perdra la trouvera en Dieu, car c’est en Lui et en Lui seulement que l’être indécis que nous sommes trouvera sa véritable identité.

Ce jour-là nous serons ce qu’Il est, et par un effet de sa charité et de son humilité inouïes, Il se fera ce que nous sommes : cet échange incessant d’identité entre sa personne qui est tout, et la nôtre qui n’est rien, telle est cette vie à venir, sur quoi s’achève le Credo des chrétiens, dont la destinée dépasse en grandeur et en beauté tout ce que les mots peuvent en dire.

Vous qui hésitez encore sur le pas de la porte, oubliez ce que ce discours que je tiens peut avoir de tranchant, n’en retenez que le désir fraternel de partager une certitude née d’une rencontre avec l’évidence.

Dieu vous appartient, il s’est donné, il est à vous, et c’est peu dire qu’il vous aime : étant tout entier en tout, il vous préfère !

Ces choses, la foi nous les enseigne, et nous ne les voyons pas ; mais l’âme contemplative n’est pas celle qui voit, mais qui est vue, qui le sait et qui, toute attention et silence, attend l’amour en faisant de moins en moins d’ombre sur la terre. »

charité

Charité est un mot mal compris tant on lui accole de préférence le sens d’aumône quand il a aussi plus largement celui d’amour.

Le mot hébreu pour charité est tzedakah, également synonyme de droiture et justice. La charité n’ordonne pas une magnanimité accordant une faveur mais une justice octroyant un dû.

La première encyclique de Benoît XVI s’intitule « Deus caritas est », traduit indifféremment par Dieu est amour ou Dieu est charité. Cela implique-t-il que Dieu n’octroie que ce qui est dû ? Saint-Paul dit que « nous sommes justifiés par la foi », ce qui est dû n’est donc pas la foi mais ce qui justement est donné par la foi, à savoir gratuitement la grâce (cf., par exemple, Bartimée à Jéricho). Autrement dit, il faut commencer par croire(« ta foi t’a sauvé »), liberté oblige.

On notera enfin et peu accessoirement que la grâce tend dans la charité à accorder nos actes à notre foi, ce qui jusqu’à l’absolution la charge d’un sacré boulot.

* Ce que n’a pas fait Saint-Paul sur le chemin de Damas, Dieu ayant semble-t-il ses règles d’exception !

miracle

Je ne crois pas aux miracles, nous dit très sérieusement le rationaliste à qui on ne la fait pas mais croit volontiers qu’une soupe chaotique d’il y a quatorze milliards d’années a ordonné par hasard l’éblouissante beauté du monde, ce qui requiert depuis l’origine un miracle a minima par seconde.

A commencer par ce miracle de charité qui nous laisse libre d’une fatuité.