pauvre

Il ne doit avec Soljenitsyne échapper à personne que « la ligne de partage entre le bien et le mal ne sépare ni les Etats ni les classes ni les partis mais qu’elle traverse le cœur humain. »

Il suit que tout le bien qu’un homme peut faire est toujours plus grand que lui-même, jamais réductible à sa personne. C’est pourquoi les hommes, tous les hommes, de sciences, de lettres, de foi…, sont moins beaux que l’œuvre ou le message dont ils sont porteurs. Qu’on en fasse souvent un plus sévère grief aux hommes de foi démontre à tout le moins que l’on a compris ceci : ce dont ils essayent tant bien que mal de témoigner est l’absolu de l’amour. Leur barre est haute et s’abriter derrière leurs inévitables manquements est une partie facile autant qu’une erreur commode. Tous les piètres musiciens du monde ne suffisent pas à démontrer la non-existence de Mozart et il se trouve en outre quelques François d’Assise pour nous apprendre que la conscience aiguë d’une vacuité est creuset d’accueil du divin.

Dieu ne prête pas aux riches – il n’en trouverait guère selon ses critères – mais aux pauvres si bien qu’en cette économie divine le moins solvable a dans la liberté de ses bras guichet ouvert.